Dans un article récent paru dans la revue scientifique Nature Sustainability [1] , des chercheurs de l’Inrae et de l’Inserm concluent  que manger d’une façon équilibrée et en suivant les recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS), permettrait d’une part de réduire les risques de développement de maladies chroniques, et engendrerait d’autre part un moindre impact sur l’environnement.

En raison des choix de consommation ainsi que de l’appauvrissement de la qualité nutritionnelle des aliments  les régimes occidentaux étant caractérisés par des produits à fort indice glycémique, souvent riches en sel et matières grasses saturées- les autorités gouvernementales ont pris des décisions, notamment en instaurant des repères nutritionnels à visée de la population. En France, le PNNS est apparu en 2001, avec pour but de promouvoir une meilleure alimentation et une meilleure hygiène de vie globale. 

Mais au-delà des conséquences sur la composante sanitaire, les modes actuels de production et consommation alimentaires sont aussi néfastes pour la planète. Dans ce sens, près d’un 1/3 des émissions de gaz à effets de serre (GES) dans le monde sont causés par les systèmes alimentaires et agricoles, qui contribuent également  à la pollution de l’eau et à la diminution  de la biodiversité. 

Ces préoccupations ont mené à la définition d’un régime dit durable : « Un régime qui protège et respecte la nature et les écosystèmes, accessible financièrement et culturellement, adéquat et sûr d’un point de vue nutritionnel et sanitaire, et optimisant les ressources humaines et naturelles [2] ». En France, les autorités sanitaires ont introduit la composante environnementale dans la 3ème version du PNNS, en 2017. Les révisions apportées au PNNS 3 comprennent notamment des recommandations visant à diminuer  la consommation de viande rouge, charcuterie et produits sucrés, mais aussi à augmenter la consommation d’aliments d’origine végétale et favoriser ceux issus de l’agriculture biologique. 

Ainsi, le travail des chercheurs a consisté à réaliser une enquête à données multiples, sur la base d’une analyse des métadonnées recueillies sur plus de 28 340 participants à l’étude Nutrinet-santé*. Pour ce faire, des indicateurs ont été utilisés pour mettre en exergue le lien entre adhérence aux recommandations du PNNS1 et PNNS3, et durabilité. Parmi ces indicateurs, on retrouve les aspects nutritionnels, sanitaires, économiques et environnementaux. 

*Cohorte française Nutrinet-Santé, réalisée sur une large population d’adultes volontaires. 

Les résultats de l’étude montrent que les personnes qui adhèrent aux recommandations du PNNS 3 peuvent réduire l’impact de leur alimentation sur l’environnement d’environ 50%, par rapport à ceux qui suivent le moins les recommandations. En comparaison avec les recommandations nutritionnelles du PNNS1, les participants ne réduisaient que de 25% leur impact sur l’environnement. 

En termes d’impact sur la santé, l’application des recommandations nutritionnelles de 2017 est également plus performante que celles de 2001 : le suivi des recommandations de 2017 permettrait de prévenir 35 000 morts prématurées, principalement liées à des maladies cardiovasculaires, soit 10% de plus que les recommandations de 2001. 

Cependant, les chercheurs mettent  un bémol sur l’impact économique de l’adhérence aux recommandations récentes. En effet, les coûts d’un régime durable seraient plus élevés, avec un peu moins d’un euro supplémentaire par jour et par personne. Ceci rend compte de la nécessité de développer des stratégies de santé publique permettant l’accès à une alimentation validée sur le plan durable et sanitaire, pour tous les segments de la population.

En termes de santé publique et d’enjeux écologiques, ces résultats confirment le co-bénéfice des recommandations nutritionnelles pour la promotion de la santé individuelle et la préservation de l’environnement. L’intérêt d’une approche multi-critères devrait être également davantage exploré pour développer de nouveaux aliments qui combinent valeur nutritionnelle ajoutée et impact limité sur l’environnement.

Sources :

[1] Sustainability analysis of French dietary guidelines using multiple criteria. Emmanuelle Kesse-Guyot et al. Nature Sustainability 2020.

[2] Sustainable Diets and Biodiversity: Directions and Solutions for Policy, Research and Action. International Scientific Symposium, Biodiversity and Sustainable Diets United Against Hunger, FAO Headquarters, Rome, Italy, 3-5 November 2010