Le Ministère de la Santé et le Ministère de la transition écologique ont rédigé un projet d’arrêté dans lequel le cholécalciférol, principale forme de vitamine D (vitamine D3), serait classée dans la liste des perturbateurs endocriniens.

Au-delà de son rôle majeur dans le maintien de la calcémie, qui permet d’assurer une minéralisation optimale des os et une fonction musculaire normale, la vitamine D est impliquée dans la régulation hormonale ou l’immunité.  La déficience en vitamine D, est un problème de santé publique (Voir notre dernier article sur le sujet). Or, cette classification en tant que perturbateur endocrinien pourrait entrainer une diminution de sa consommation qui est déjà insuffisante pour beaucoup de personnes. En effet, selon l’étude INCA 3, les apports alimentaires moyens en vitamine D dans la population française sont de 3,1 μg/jour chez les adultes de 18-79ans, alors que la référence nutritionnelle se situe à 15 μg/jour.

L’inclusion du cholécalciférol dans cette liste s’explique principalement par son utilisation dans l’industrie chimique comme rodenticide (pour l’élimination de rongeurs) à des doses suffisamment élevées pour conduire à des effets toxiques et par conséquent incomparables aux doses alimentaires.

Par ailleurs, l’EFSA a établi les apports maximum tolérables à 100 μg/jour pour les adultes et de respectivement 50 et 25 μg/jour pour les enfants et les nourrissons.  Or, les cas d’intoxication s’observent à partir d’une ingestion sur plusieurs mois de plus de 1250μg/jour chez les adultes et 1000 μg/jour pour les nourrissons. Notre équipe avait également brièvement traité le sujet du surdosage en vitamine D dans un article précédent.

Le projet d’arrêté ayant été notifié aux autorités européennes via la procédure TRIS fin octobre, la période de consultation arrivera à son terme le 26 janvier 2022.

Le Synadiet a tenté de sensibiliser quant aux conséquences de la mise en place de cet arrêté. Une sénatrice a également interrogé le Ministère des solidarité et de la santé sur le sujet en soulignant que la législation européenne permettait l’usage du cholécalciférol dans l’alimentation (cette forme figure notamment dans le règlement CE n°1925/2006 relatif à l’enrichissement des denrées alimentaires en vitamines et minéraux).

Pour autant, les diverses initiatives n’ont pas abouti à ce jour. D’autres représentants des professionnels de santé et sociétés savantes vont sans doute se positionner dans les prochaines semaines sur ce sujet de la rentrée qui fait débat.

 

L’équipe Nutrifizz vous tiendra bien entendu informés des évolutions concernant cette potentielle classification du cholécalciférol en tant que perturbateur endocrinien.