Depuis la mise en œuvre du RÈGLEMENT (CE) N°1924/2006 relatif aux allégations nutritionnelles et de santé, le statut des allégations portant sur les plantes peine à évoluer. Parmi les solutions proposées pour faire avancer la situation, un modèle de graduation des allégations plantes en fonction du niveau de preuve vient d’être publié, fruit d’un travail mené par le Synadiet depuis 2016.
Alors que les institutions européennes semblent piétiner sur le sujet des allégations plantes, les autorités françaises ont pris les devants en proposant il y a quelques années des outils pour faciliter l’utilisation et le contrôle des allégations plantes en attente par les opérateurs. Concernant les conditions d’utilisation, la DGCCRF demande notamment de respecter a minima, lorsque l’information est disponible dans la base de données Access, la plante, la partie de plante, et le type d’extrait. De son côté le SYNADIET, syndicat français des compléments alimentaires s’est penché sur l’élaboration d’un nouveau modèle de graduation des allégations (1).
Ce travail propose un outil intéressant de graduation des allégations basée sur la force des preuves scientifiques dans le but d’apporter une information claire aux consommateurs et d’inciter la filière à investir dans des travaux de recherche pour soutenir l’efficacité des compléments alimentaires.
Le système proposé permet de classer les allégations en trois catégories en fonction du niveau de preuve :
- Une allégation dite de Grade A nécessite au moins deux études convergentes comprenant au moins un essai contrôlé randomisé accompagné soit d’une étude clinique sans randomisation, une étude observationnelle ou quasi-expérimentale, soit d’études in vivo et/ou in vitro permettant de comprendre le mécanisme d’action, soit enfin des tests de satisfaction des consommateurs.
L’allégation pourra alors se formuler au travers de verbes d’action : « Diminue… », « Soulage… » ou « Améliore… ».
- Une allégation dite de Grade B nécessite des résultats convergents avec au minimum un essai contrôlé randomisé, une étude contrôlée sans randomisation ou un autre type d’étude quasi-expérimental, couplé avec une étude observationnelle, des textes cliniques expliquant le fonctionnement des constituants de la plante dans le corps humain, des résultats positifs d’études in vitro et/ou in vivopermettant d’obtenir plus d’informations sur le mécanisme d’action ou enfin des tests de satisfaction des consommateurs.
Ce faisceau de preuves convergentes permettent de penser que le produit « Peut contribuer à diminuer… », ou bien « Peut contribuer à l’amélioration… ».
- Enfin, une allégation dite de Grade C nécessite des textes de références faisant autorité comme des ouvrages de référence (Pharmacopée, monographies, revues scientifiques), des avis scientifiques d’autorités de régulation ou d’organisation scientifiques ou enfin un historique d’utilisation documenté par des universitaires, des experts rapportant l’utilisation traditionnelle de l’ingrédient.
Il serait dans ce cas possible d’employer la formulation « Traditionnellement utilisé pour… » concernant les allégations de Grade C.
La publication de cet article dans la revue Nutrients représente une réelle perspective d’évolution réglementaire ainsi qu’une solution pertinente à explorer pour une graduation plus appropriée des allégations plantes. A noter, l’applicabilité du modèle a été testée sur l’allégation en attente « trèfle rouge/santé cardiovasculaire ». Il sera probablement nécessaire de valider la démarche scientifique en reproduisant le modèle sur d’autres couples ingrédients / applications santé.
(1) Chevallier, H.; Herpin, F.; Kergosien, H.; Ventura, G.; Allaert, F.-A. A Graded Approach for Evaluating Health Claims about Plant-Based Food Supplements: Application of a Case Study Methodology. Nutrients 2021, 13(8), 2684; https://doi.org/10.3390/nu13082684